13 Septembre 2018
En cette fin d'été me vient l'envie de vanter les plaisirs de cette merveilleuse campagne où j'ai décidé de vivre il y a une quinzaine d'années. En faire l'éloge certes, mais aussi prévenir ceux qui seraient tentés d'en faire l'expérience, des petits aléas d'un retour à la nature. Car habiter au milieu des champs même si ceux-ci ont une vue imprenable sur les Pyrénées tous proches, suppose un certain stoïcisme pour ne pas dire un amour inconditionnel des bestioles qui y vivent. En dehors de mes chiennes et de mes chats, animaux faciles à dompter, il en est d'autres dont les habitudes peuvent surprendre, dérouter ou carrément agacer! Les taupes par exemple, dont j'essaie en vain de juguler l'ardeur à chambouler le jardin de long en large. Les mulots qui creusent des trous partout. Les faucons- crécerelles qui font leur nid chaque Printemps sous le toit et qui décorent les murs fraîchement repeints, de leurs traînées de crotte. Les mouches qui envahissent la maison et m'obligent à suspendre des rubans de glu dans tous les coins pour canaliser leur invasions régulières. Les aoûtats dont je n'ai pas encore trouvé le moyen de me protéger des piqûres. Les chenilles processionnaires qui jouent à la queue-leu-leu sous les pins ou ces charmants acariens nichés dans dans les lits, les fauteuils et les coussins en dépit de mes efforts pour les en déloger. Si j'ai conscience qu'une telle liste de calamités pourrait faire rebrousser chemin aux candidats éventuels pour les aventures bucoliques, je ne voudrais pas gâcher leur élan en m'arrêtant à ce constat négatif ! Car les avantages de ce choix de vie sont bien-sûr multiples... L'érémitisme tel que je le conçois soustrait non seulement ses adeptes aux vicissitudes citadines mais plus encore il peut faire découvrir des trésors insoupçonnables. Le silence entrecoupé de chants d'oiseaux ou de bruissements secrets, le calme du soir quand les brumes de la Garonne planent à l'horizon. Les hululements de la chouette voisine qui m'endort à la nuit tombée ou le ciel plein d'étoiles loin des lumières des villes. Sans parler de mes rencontres fortuites avec une bande de chevreuils, de mes rendez-vous habituels avec les vaches du pré d'à côté ou les moutons de la bergerie voisine. De mes entretiens surréalistes avec un écureuil pressé, un hérisson peureux, des tourterelles amoureuses ou un lapin couche-tard. Mes solitudes passagères me font découvrir jour après jour un monde si éloigné de celui où j'ai vécu longtemps que je ne saurais que conseiller aux amateurs de sensations douces d'en savourer à leur tour la plénitude sans fin !